Splendeurs de l'Ars nova à Toulouse

Spectacle, festival (concert, danse, théâtre)

Venez écouter les variations autour de la messe Polyphonique dite "de Toulouse" par le chœur la Schola de la Sainte-Chapelle

La Schola de la Sainte-Chapelle
  • Jeudi 12 octobre 2023
    19h

  • Adultes : 14,5 €  
    Tarif réduit : 9 €

  • La Sainte-Chapelle est située dans l'enceinte du Palais de Justice de Paris, merci de prévoir le temps nécessaire pour passer les contrôles de sécurité avant le concert. Nous vous conseillons d'arriver 30 minutes avant le début du concert.

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Présentation

À Toulouse, au 14e siècle, une messe aux majestueuse parties polyphoniques est notée dans un manuscrit en étroite relation avec la liturgie de la cour papale avignonnaise. Deux vénérables saint toulousains sont également célébrés par de nouvelles compositions monodiques et polyphoniques : saint Raymond, qui fut chanoine de Saint-Sernin, et le franciscain saint Louis de Toulouse, petit-neveu de Louis IX.

La naissance de l'Ars nova

La devise « Phébus avant », issue d’une ballade dédiée au flamboyant comte de Foix-Béarn Gaston Fébus, ouvre cette évocation musicale de Toulouse au XIVe siècle centrée sur la messe dite de Toulouse et des œuvres dédiées à deux saints toulousains.
 

À une époque marquée par d’angoissants évènements (Peste noire, guerre de Cent Ans), l’art musical contrastait par sa vitalité extraordinaire. Malgré l’interdiction promulguée par le pape Jean XXII vers 1325 à l’encontre des inventions de cet ars nova, l’Église ne put (ou ne voulut) proscrire la polyphonie de la liturgie catholique. Au contraire, Avignon devint le creuset de la polyphonie sacrée et les pièces qui constituent notre Messe y furent probablement composées. 

Leur présence dans un missel de la Bibliothèque municipale de Toulouse (ms. 94) est fortuite et énigmatique. Elles ont été inscrites dans le désordre sur des espaces laissés vierges dans le manuscrit et le cycle de l’ordinaire est incomplet : le Gloria manque et le Credo est fragmentaire. Les quatre polyphonies anonymes (Kyrie, Sanctus, Agnus tropé et un motet sur Ite missa est) ne présentent pas d’unité musicale, si ce n’est l’effectif à trois voix, et les styles d’écriture contrapuntique sont variés. Le regroupement des chants polyphoniques de l’ordinaire pour en faire un cycle liturgique était au XIVe siècle une idée nouvelle, d’abord concrétisée par les copistes avant que les compositeurs ne s’y consacrent. 

Ainsi, en dépit de son façonnage hétéroclite, la messe de Toulouse est l’un des cinq témoins de la naissance du genre musical qui sera dominant à la Renaissance.
 

Aucun indice, pas même les paroles du trope de l’Agnus et du motet sur Ite missa, ne permet de rattacher le cycle toulousain à une occasion spécifique. Pour les chants du « propre », qui alternent avec ceux de l’ordinaire durant la liturgie, le choix de Brigitte Lesne s’est porté sur les plains-chants monodiques extraits d’un autre manuscrit de la bibliothèque municipale (ms. 117) contenant l’office de saint Raymond Gairard (mort en 1118), chanoine de l’abbaye Saint-Sernin et bienfaiteur de l’hospice qui jouxtait l’église. D’autres compositions dédiées à la Vierge sont issues d’un manuscrit (Paris, BnF latin 1343) réalisé pour Charles II, comte d’Anjou et de Provence, roi de Sicile (1285-1309) et père du second saint toulousain évoqué ce soir.
 

La canonisation de Louis d’Anjou, petit-neveu du roi Louis IX (le grand saint Louis), le 17 avril 1317, motiva plusieurs créations musicales dans le style de l’ars nova. Le gloria « Loys » est construit sur la même mélodie de base (teneur) qu’un grand motet isorythmique (Flos ortus/Celsa cedrus/O quam magnus), attribué à Philippe de Vitry, où est rappelée la vie exemplaire de saint Louis de Toulouse (1274-1297) qui fut brièvement évêque de la ville après avoir renoncé à son héritage princier pour vivre dans la pauvreté de l’Ordre des Frères mineurs de saint François.  

Isabelle Ragnard
Sorbonne-Université

Programme

Détail tribune des reliques anges 2

DR - Centre des monuments nationaux

 

« Phebus avant ! » – Devise de Gaston de Foix, extrait de la ballade Se Galaas, Johannes Cunelier
Apollinis eclipsatur / Pantheon abluitur / In omnem terram / Zodiacum… armonia Phebi fulgentibus – Motet, manuscrits de Barcelone et de Strasbourg
Iste confessor Domini sacratus – Hymne, recueil de saint Raymond, et polyphonie, manuscrit d'Apt
Gaudeamus omnes in Domino – Introït, recueil de saint Raymond
KYRIE – Messe de Toulouse
Domine, Dominus noster –  Antienne, recueil de saint Raymond
Gloria Loys – Gloria dédié à saint Louis de Toulouse, manuscrit d'Apt
Os iusti meditabitur / verset : Lex Dei – Graduel, recueil de saint Raymond
Ludovicus, ut amicus Christi – Hymne pour saint Louis de Toulouse, manuscrit San Juan de los Reyes
Flos ortus / Celsa cedrus / O quam magnus pontifex – Motet dédié à saint Louis de Toulouse , Philippe de Vitry, manuscrit d'Ivrea
Alleluia / verset : Iustus germinabit – Alleluia, recueil de saint Raymond
Virgo Maria – Antienne mariale, recueil de Charles II d'Anjou
Gaude virgo preelecta – Prose mariale, recueil de Charles II d'Anjou
Ave regina celorum – Motet marial, manuscrit de Girona
Veritas mea et misericordia mea – Offertoire, recueil de saint Raymond
Iesu corona celsior – Hymne, recueil de saint Raymond
SANCTUS – Messe de Toulouse
Iste cognovit iusticiam – Répons, recueil de saint Raymond
AGNUS DEI / Rex inmense pietatis – Messe de Toulouse
Beatus servus – Communion, recueil de saint Raymond
LAUDEMUS JHESUM CHRISTUM – Motet sur Ite missa est, Messe de Toulouse
Benedicamus Domino – Conduit, manuscrit de Padoue
 

La Schola de la Sainte-Chapelle

La Schola de la Sainte-Chapelle a été créée en janvier 2020. Placé sous la direction de Brigitte Lesne, ce petit chœur se consacre à des répertoires peu diffusés et surtout peu enseignés : les musiques sacrées du Moyen Âge et du début de la Renaissance. Le recrutement s'adresse en priorité aux jeunes chanteurs déjà professionnels ou en passe de le devenir, rejoints par des amateurs expérimentés et familiarisés à ces musiques.

La Schola est produite par le Centre de musique médiévale de Paris avec le soutien de la DRAC Île-de-France et de la Caisse des Dépots, mécène principal, et développe son activité en partenariat avec le Centre des Monuments Nationaux.

 

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