Art & Architecture

article | Temps de Lecture5 min

Le gothique rayonnant

Sainte-Chapelle de Paris, chapelle haute, voûte de la nef et rose ouest

Surnommé le siècle des cathédrales, le XIIIe siècle marque l’apogée du gothique rayonnant.

Une plongée dans le gothique rayonnant

Le terme rayonnant provient de la forme des roses comme celles que l’on admire actuellement à Notre-Dame de Paris et qui devait être à l’origine sur la façade ouest de la Sainte-Chapelle avant son remplacement au XVe siècle par la rose en gothique flamboyant qui nous émerveille aujourd’hui. 


Intimement lié à l’expansion démographique et à l’essor des villes, c’est un art qui affirme également la puissance royale face à la féodalité dans l’ensemble du royaume. 

La Sainte-Chapelle est une commande du roi et inaugure ce mécénat princier ou « art de cour » qui sert à mettre en valeur l’éclat de ses commanditaires. 

Orfèvrerie, ferronnerie, peinture, verrerie, sculpture tous les arts se conjuguent dans ce bâtiment au service de cette symphonie de couleurs et de lumière.   

La Sainte-Chapelle est probablement l’un des paradigmes de cette volonté qui anime les bâtisseurs à faire disparaître le mur : les piliers forment un squelette de pierre, le reste étant de verre, laissant pénétrer une lumière abondante afin d’instaurer dans les édifices religieux un sentiment d’immatérialité et de légèreté au travers de l’utilisation de plus en plus prépondérante du vitrail. 

Sainte-Chapelle de Paris - rosace de la baie des reliques
Sainte-Chapelle de Paris - rosace de la baie des reliques

DR - Centre des monuments nationaux

Une architecture qui semble se jouer des lois de la physique pour s’élever toujours plus haut. Ce qui nous fait nous exclamer à chaque fois que l’on entre dans une cathédrale : « mais comment tout cela tient ? ». 


Cette architecture n’est d’ailleurs pas directement adressée aux humains mais plutôt à Dieu. 


Chaque cathédrale, chaque église doit être une préfiguration du monde divin, celle décrite au travers de la cité céleste (ou Jérusalem nouvelle) par Saint Jean dans sa vision qui lui est transmise par Dieu à Patmos durant son exil : « La muraille était construite en jaspe et la ville était en or pur, transparent comme du verre pur. Les fondations de la muraille de la ville étaient ornées de pierres précieuses de toutes sortes ». 


Verticalité, évidemment des murs sont les principes essentiels pour comprendre l’architecture gothique en général et le gothique rayonnant en particulier. Dans la compétition à l’élévation des nefs gothiques (la voûte du chœur de la cathédrale de Beauvais s’écroule le 12 novembre 1284) celle de Sainte-Chapelle dispose quand même d’une hauteur de 20,60 mètres. 


À ce propos, vous remarquez qu’à la Sainte-Chapelle il n’existe pas d’arcs boutants extérieurs, cette innovation architecturale pourtant précieuse au gothique, observez bien les bas-côtés de la chapelle basse cependant. Entre les colonnes et le mur, il existe des étrésillons, des « arcs boutants intérieurs » en quelque sorte, et qui ont le même principe que leurs confrères des grandes cathédrales : repousser le poids supporté par les voûtes sur croisées d’ogives et la clé de voûte vers les piliers extérieurs : les contreforts. 
 

Sainte-Chapelle de Paris vue sud-ouest

Jean Feuille - Centre des monuments nationaux

Grâce à ce procédé, les murs peuvent être évidés au profit de très grandes verrières et à la Sainte-Chapelle la surface vitrée occupe presque 670 mètres carrés. L’architecture gothique est une sorte de squelette de pierre extérieur. 

 

En chapelle haute, vous ne ressentez pas le poids des contreforts extérieurs, dissimulés à l’intérieur par un jeu subtil de colonnettes. Il ne faut pas oublier le rôle du fer dans l’architecture gothique, notons qu’à la Sainte-Chapelle, les combles sont bardés de tyrans métalliques et également à l’intérieur des fenêtres qui permettent au tout de se maintenir presque 800 ans après. 


C’est aussi dans ce gothique rayonnant que les sculptures s’émancipent progressivement de leur cadre architectural pour aboutir à une statue en ronde-bosse. Comme L’Ange au sourire de la cathédrale de Reims, et pour nous, les statues des douze apôtres de la chapelle haute. 
 

Sainte-Chapelle de Paris, chapelle haute
Sainte-chapelle vue de la chapelle haute vers l'abside et la tribune des reliques

© Romain Pech - Centre des monuments nationaux

à découvrir aussi